La Belgique sous occupation allemande

A partir de juin 1940, une administration militaire a été mise en place en Belgique sous la direction du commandant militaire Alexander von Falkenhausen et le puissant chef de l‘administration militaire Eggert Reeder, et a duré jusqu‘en juillet 1944. Contrairement à ce qui se passait dans les autres pays occupés, elle affirmait sa suprématie sur l‘Office principal de sécurité du Reich, c‘est-à-dire les SS et la Gestapo. Sa principale préoccupation était l‘exploitation économique de la Belgique et la sécurité intérieure. L‘administration militaire était subordonnée à la Sipo-SD (service de sécurité de la police de sécurité) ainsi qu‘à la Geheime Feldpolizei (police secrète militaire allemande) et la Feldgendarmerie (Wehrmacht). Ils jouèrent tous un rôle décisif dans la persécution, l’emprisonnement et la déportation de la population juive belge ainsi que dans la lutte contre la résistance belge.

L'ancienne zone d'appel dans les murs de Breendonk. Les prisonniers sont exposés jour et nuit à l'arbitraire brutal des gardiens du camp.

© Wikimedia Commons, Auteur: JoJan

Le grand rabbin belge Dr. Salomon Ullmann est nommé président de l'AJB par l'administration militaire allemande. En septembre 1942, lui et d'autres employés de haut rang de l'AJB sont arrêtés et internés à Breendonk. Il démissionne après sa libération, suite à l'intervention des autorités catholiques et politiques belges. Il vit désormais dans la clandestinité. En août 1944, l'avancée des troupes alliées le sauve, lui et sa famille, de la déportation.

© Collection Photothèque Musée Juif de Belgique

Après l'Anschluss d'Autriche, Jean Améry s'enfuit en Belgique via Cologne. Il est arrêté le 23 juillet 1943 alors qu'il distribue des tracts antiallemands à Bruxelles, amené à Breendonk et y est torturé.

© Éditions Klett-Cotta

Breendonk

La forteresse de Breendonk, située entre Bruxelles et Anvers, servit de prison à partir de l‘été 1940. Officiellement, c’était un camp d‘accueil et de transit, mais les conditions étaient tout aussi horribles que dans un camp de concentration. Breendonk étant sous administration militaire, le camp fut initialement dirigé et gardé par les SS allemands. A partir de l‘automne 1941, un contingent SS flamand fut déployé.

Les premiers détenus étaient des Juifs qui avaient enfreint les règlements anti-juifs. A partir de 1942, les prisonniers étaient principalement des résistants. Sur les quelques 3.600 prisonniers pendant l‘occupation, environ 500 étaient juifs. Environ 1.700 prisonniers de Breendonk furent assassinés ici ou dans des camps de concentration.

Breendonk était connu pour l’usage systématique de la torture sous laquelle des centaines de personnes moururent.

Celui qui a été soumis à la torture est désormais incapable de se sentir chez soi dans le monde. L’outrage de l’anéantissement est indélébile. La confiance dans le monde qu’ébranle déjà le premier coup reçu et que la torture finit d’éteindre complètement est irrécupérable. Avoir vu son prochain se retourner contre soi engendre un sentiment d’horreur à tout jamais incrusté dans l’homme torturé: personne n’est sûr de ce sentiment pour découvrir l’horizon d’un monde où règne le Principe Espérance.

(Jean Améry, Par-delà̀ le crime et le châtiment: Essai pour surmonter l'insurmontable: La Torture, P.95 Pub: Ed. ACTES SUD, 1995.)

Vereeniging van Joden en Belgique / Association des Juifs en Belgique (AJB)

Le 25 novembre 1941, l‘administration militaire publia un décret sur la création obligatoire d‘une association pour les Juifs de Belgique. L‘objectif affiché était « l‘émigration des Juifs » et la création et la gestion d‘écoles élémentaires juives. Tous les Juifs de Belgique étaient des membres obligatoires qui devaient payer une cotisation.

A partir de juillet 1942, les Allemands avaient impliqués l‘AJB dans les mesures de persécution. Par exemple, en juillet 1942 l‘AJB devait établir un « registre des Juifs » (Judenregister), soumettre des listes de noms de Juifs vivant en Belgique de juillet 1942 à l‘été 1944, distribuer des « avis d‘affectation de travail » (Arbeitseinsatzbescheid) à Malines pour déportation, s‘occuper de Juifs déportés en France pour le travail forcé et gérer des maisons d’enfants et de personnes âgées. Les maisons ne servaient pas à protéger ceux qui y vivaient. Les résidents du foyer étant connus par leur nom de la Gestapo, ils pouvaient être déportés à tout moment. Sous cette pression, les directions d‘accueil faisaient de leur mieux pour protéger ceux qui leur étaient confiés. ÄW